La photo montrait un homme mort étendu au pied d'un escalier. Elle était parfaitement nette et cadrée, et personne ne semblait avoir remarqué ce qui était réellement intéressant sur cette photo. Pourtant, elle était loin de susciter l'enthousiasme d'Heather Kennedy. Elle referma le dossier en papier kraft et le repoussa de l'autre côté du bureau. Il n'y avait pas grand-chose d'autre à regarder de toute façon. - Je ne veux pas de ce dossier, dit-elle. Face à elle de l'autre côté du bureau, l'inspecteur divisionnaire Summerhill haussa les épaules : un haussement d'épaules qui signifiait la vie n'est pas toujours une partie de plaisir. - Je n'ai personne d'autre à qui le confier, Heather, lui dit-il, sur le ton d'un homme compréhensif qui ne faisait que son devoir. Tout le monde est débordé dans le service, vous êtes celle qui a le moins d'affaires en cours. Il n'ajouta pas, mais il aurait pu le faire, vous savez pourquoi c'est vous à qui on a confié le moins d'affaires, et vous savez aussi ce que vous devez faire pour y remédier. - Très bien, dit Kennedy, je ne suis pas débordée, alors laissez-moi aider Ratner ou Denning. Ne me donnez pas un dossier qui a atterri ici par hasard, n'a aucune chance d'aboutir et va rester dans les affaires non élucidées jusqu'à l'heure du jugement dernier. Summerhill ne se donna même pas la peine de paraître sympathique. - Si ce n'est pas un meurtre, dit-il, bouclez le dossier. Je soutiendrai votre décision, dans la mesure où vous parvenez à l'étayer. - Et comment suis-je censée le faire alors que les preuves datent de trois semaines ? répliqua Kennedy sur un ton acerbe. Elle allait perdre la partie. Summerhill avait déjà pris sa décision. Mais elle n'allait pas simplifier la tâche à ce vieux salaud. - Personne n'a inspecté la scène de crime. Personne n'a examiné le corps sur les lieux. Et tout ce dont je dispose, ce sont quelques photos prises par un bleu du poste de la police locale. - Oui, et vous avez aussi le rapport d'autopsie, dit Summerhill. Le labo de Londres a soulevé assez de questions non élucidées pour faire rouvrir le dossier, et peut-être même trouver de nouvelles pistes. Il poussa le dossier vers elle de façon ferme et irrévocable. - Pourquoi y a-t-il eu une autopsie, si personne ne pensait que la mort était suspecte ? demanda Kennedy, sincèrement perplexe. Et comment cela était-il devenu notre problème ? Summerhill ferma les yeux, se massa les paupières et grimaça d'un air las. De toute évidence, il voulait qu'elle prenne ce dossier et qu'elle déguerpisse.
Auteur(s):
Adam Blake
Titre: L’évangile des assassins
Éditeur:
MA Editions
Pages: 480
Langue: Francais
Format: EPUB